Ce 9 février, Elles reviennent, au Casino de Paris, plus en forme que jamais !
L’occasion pour moi de plonger dans le regard passionné de Bernie…
Monsieur David Alexis.
Quand on est passionnée, on rencontre des personnes passionnantes…
Cela fait bientôt deux ans que je vous en parle de façon générale, à travers les spectacles, ou comme ça au détour d’une conversation…
Mais depuis septembre j’ai la chance (merci Bébé Blog) de pouvoir rencontrer les yeux dans les yeux, ces artistes qui m’inspirent.
C’est assez naturellement que j’ai choisis David Alexis comme premier cobaye dans cette série de têtes à têtes.
Je l’ai connu à travers Le Bal des Vampires (comme c’est original). Il incarnait le professeur Abroncius. Sa diction impeccable et sa façon de s’effacer pour donner vie à son personnage m’avaient bluffé.
Aujourd’hui il est Bernadette dans Priscilla Folle du Désert (au Casino de Paris) et c’est lors de sa préparation au rôle du méchant Herman Glesser dans Guillaume Tell, la Nation en Héritage qui devait se jouer aux Folies Bergères (oui oui encore à Paris) les 17 et 18 novembre 2017 que j’ai eu la chance de l’interviewer.
Les débuts ont été hasardeux mais il fallait bien commencer quelque part :
Rencontre avec un artiste qui compte beaucoup !
♥ Quand tu es sur scène David n’existe plus. Comment te prépares-tu ?
Avant d’entamer la préparation, la transformation, j’ai un petit rituel. Je vais respirer la salle, je m’y assois un petit moment, j’écoute la qualité du silence, l’atmosphère du plateau, même si la salle est vide elle est habitée.
Je regarde les techniciens préparer le plateau, je croise toujours les mêmes.
C’est ma coupure avec l’extérieur, je déconnecte. C’est important d’être totalement disponible pour le personnage.
Pour le Bal des Vampires c’était différent, le décor était déjà posé, l’auberge était déjà sur la scène, donc c’était difficile d’accéder à la salle.
J’essaie aussi d’écouter ce que le personnage fait en moi, quand je n’arrive pas à m’effacer c’est que je n’ai pas encore trouvé le personnage.

♥ Comment as-tu approché le personnage de Bernadette et qu’est ce qu’elle représente pour toi ?
Bernadette est un personnage beaucoup plus puissant que je croyais, déjà parce que c’est une femme et que je suis un homme…
Mais aussi parce qu’elle est blasée… mais dans le bon sens du terme… il lui est tout arrivé. Le pire qui ne lui soit pas arrivé c’est l’amour… Tous les combats, elles les a menés.
Elle est passée d’homme à femme. Elle est au dessus de tous les incidents : le bus est en panne ? ça la saoule, mais ça se rajoute à sa vie…
Elle a une force incroyable… ce n’est pas qu’une femme, c’est une force…
Elle est toujours debout malgré les entraves, malgré les difficultés de la vie, malgré les gens qui viennent mettre des bâtons dans les roues, les maladies, la mort, le deuil…
D’ailleurs le spectacle commence par la mort de son mec, un des rares qui a vu en elle l’amour possible… ça commence avec une force…
(c’est là où j’ai fondu en larmes… parce que je n’avais jamais vu ce personnage comme ça, je l’aimais déjà beaucoup Bernadette, mais là d’un coup je m’y suis identifiée… et croyez moi, avec David en face … difficile de ne pas craquer)
Elle n’a pas de frontières… elle n’est ni homme ni femme, c’est un être sans frontières, touché par les émotions, elle vit en fait, elle est connectée à la vie… Elle est pas dans le fantasme. Tant qu’on a pas essayé, on ne peut pas savoir.
♥ Qu’est ce que tu apprehendais le plus en acceptant ce rôle et pourquoi ?
C’était vraiment de me retrouver sur des talons pendant 2 heures, à marcher, danser. C’était une appréhension totale.
J’avais aussi à cœur de ne pas trahir la gent féminine, ne pas rentrer dans la caricature.
Être le plus proche possible du personnage, blasée mais élégante, ce n’est pas un camionneur. Elle sait se tenir, mais est capable de casser les couilles à quelqu’un (référence à la scène de la bagarre dans le bar de Broken Hill).

♥ Est ce qu’on t’as donné une ligne directive pour adapter Bernadette sur scène (par rapport au film) ?
On m’a dit de travailler le personnage, mais je l’ai nourri au fur et à mesure de mon travail. Je suis allé à la simplicité. Bernadette c’est quelqu’un de simple, fallait pas la contrarier avec des artifices, des machins, des trucs. Elle a vécu, donc on lui apprend rien. Je me suis laissé porté par le texte et par l’oeuvre. Quand je vois le film et Terence Stamp, c’est une oeuvre, je n’ai pas voulu copier, mais quand je le regarde, tout est dit. Il a créé le rôle malgré lui, j’ai pas du tout essayé de passer derrière lui.
♥ Comment s’est passé le casting ?
Bruno Berbères (le directeur de casting) nous connaît bien et a senti le profil potentiel. Mais on a joué le jeu du casting jusqu’au bout, car il y a le producteur à convaincre, les créatifs, les ayant droits…
♥ De toutes tes performances, laquelle a été la plus touchante, la plus éprouvante, la plus … ?
C’est difficile parce qu’elles sont toutes différentes, donc c’est difficile de dire celle là plus qu’une autre, mais si je dois faire un choix, un personnage qui me transporte le plus, qui va chercher encore plus loin que les autres c’est Bernadette.
Parce que voilà, je dois avoir une part de ma féminité intérieure qui est d’autant plus touchée. Les hommes ont une part de féminité et les femmes une part de masculinité… Mais je pense qu’elle est un peu exacerbée grâce à tout ça. On ne peut pas tricher avec Bernadette. Je n’ai pas la sensation de pouvoir tricher avec mes personnages, mais celui avec lequel on ne peut vraiment pas tricher, « avec des majuscules, Pas Tricher » c’est Bernadette. Déjà parce que je me ferai jeter par toute la gent féminine « tu nous trahis, une femme c’est pas comme ça »…
♥ Tiens d’ailleurs, maintenant que t’es devenu une femme, quel reproche vas-tu arrêter de leur faire ?
(Après un petit temps de réflexion) passer du temps à l’épilation ! Parce que c’est important ! (rire)
De reproches non… mais je comprends plus leurs problèmes à l’extérieur… elles sont constamment emmerdées… sollicitées et emmerdées.
Je compatis parce que je trouve que ça doit être chiant d’être un sexe… y a pas de sexe faible pour moi, mais d’être un sexe qui paraît pour certains encore accessible facilement, alors que la femme a autant de place que l’homme et voire plus.
♥ Et si tu devais passer 24h dans la peau d’une vraie femme qu’est ce que tu ferais ?
Je pense que je ferai l’amour … (rire)
♥ Pendant 24 h? Déjà 10 minutes c’est long …
Je ferai l’amour et puis … je crois que j’irai dans un vrai jardin public et je regarderai les hommes… et je me dirai ça doit être bizarre d’être dans le corps d’un homme.

♥ Bon un peu de sérieux maintenant. Tu as fait des personnages assez forts, mais est-ce qu’il y en a un que tu rêverais de faire ?
J’ai ai fait des beaux dans ma vie déjà, j’ai fait le maître de cérémonie dans Cabaret… J’aimerais bien jouer Richard III… J’aimerais faire un personnage épais, dans la place et en même temps qui a des névroses très abouties … et puis j’aimerais jouer un bon Shakespeare, j’ai déjà joué du Molière, j’ai joué des personnages plus légers que d’autres mais un bon Richard III j’aimerais bien. Ruy Blas aussi j’aimerais bien. Et puis un bon salop…
♥ Qui n’ont rien à voir avec la comédie musicale en fait…
Non, mais en même temps, tous les personnages n’ont rien à voir avec la comédie musicale tu sais.
Ils ont à voir parce que ces personnages, on les fait chanter, mais au bout du compte, tu enlèves les chansons, ils doivent exister malgré tout. Les chansons ne sont là que pour prolonger leurs émotions donc Abroncius, il aurait pu ne pas avoir de chanson, il avait un corps…
Je crois que dans la comédie musicale les chansons sont là pour prolonger les émotions, parce qu’on avait pas trouvé plus fort encore qu’une chanson pour emmener l’émotion dans une scène ; à l’opéra c’est comme ça que ça se fait, on chante tout le temps parce que c’est comme ça qu’on met les émotions sur scène, au théâtre on les met aussi mais d’une autre manière.
♥ Quelles sont tes sources d’inspiration ?
En fait j’ai beaucoup de sources d’inspiration, mais ça serait trop long de toutes les citer!
Le plus important, c’est que j’ai besoin d’admirer quelqu’un pour avancer et continuer d’apprendre. On apprend tous les jours on est toujours élève.
Je suis parrain d’une école qui s’appelle ECM, c’est une école de comédie musicale et j’interviens parfois dans les classes, et je leur dit souvent : vous savez y a pas de prof, y a pas d’élèves, y a que des personnes qui veulent apprendre et vivre de leur passion.
Et je parle pas forcément de façon pécuniaire, je parle aussi de le vivre émotionnellement.
Et moi je pense qu’il a fallu que j’admire de gens comme Charlie Chaplin ou plus proche de nous des femmes comme Annie Cordy qui est devenue ma marraine, c’est vraiment des gens comme ça, j’étais pas fan, mais je les ai admiré, j’avais envie de faire comme eux…
Je voyais quelqu’un marcher sur un fil ? oh la la hop j’apprenais à marcher sur un fil. Quelqu’un fait des claquettes ? oh je veux trop faire des claquettes, j’ai fais des claquettes.
Il faut que j’admire. Quand j’admirerai plus les autres, je crois que je pourrai plus faire ce métier parce que sinon je serai aigri. Y a pleins de gens qui sont devenus aigris, parce qu’ils ne montent plus sur scène, parce que on correspond pas au rôle tout le temps… mais je pense que c’est aussi parce qu’ils n’ont pas assez admiré les autres, tout simplement.


♥ Annie Cordy est devenue ta marraine, peux-tu nous dire comment s’est faite la rencontre et comment tout ?
Bah écoute je l’ai eu au téléphone pas plus tard que la semaine dernière parce qu’elle doit venir à Paris, elle va venir me voir en hauts talons.
(et elle est venue. elle avait les yeux remplis de fierté. Et c’était émouvant… J’étais déjà dans la salle quand elle était venue voir le Bal des Vampires. Et j’ai eu la chance de la rencontrer, la fameuse semaine d’après, lors de la première de gala de Grease. Nous avons un peu parlé de David. Et elle m’a fait le plus beau compliment qui soit. Minute je me la raconte : elle me demande ce que je fais dans la vie, si je chante aussi, je lui dis non, je danse, j’écris et j’ai un peu joué la comédie, et là elle se tourne vers ma camarade C. et lui dit « elle s’est une artiste, ça se sent ».)
La rencontre s’est fait quand j’était tout petit, je la voyais à la télé, la grande période des émissions de Maritie et Gilbert Carpentier, j’adorais son style et le clown qu’elle était. Dans tous les sens du terme, joyeux comme le trompettiste ou triste, comme un violoncelle. Je me suis dit whouhaou, je veux faire comme elle, et j’ai appris à faire tout ce qu’elle faisait.
Un jour je lui ai écris genre 10 pages en lui disant : je suis admiratif et je voudrai faire tout comme vous, je vais faire tout comme vous.
Et ma grand-mère, je vivais chez mes grands parents, faisait les costumes des chansons que je reprenais et je faisais tout comme elle.
Elle m’a répondu et cette lettre je l’ai gardé elle est encadrée d’ailleurs.
Elle m’a dit écoutez David, elle me vouvoyait à l’époque, j’avais 12 ans et elle me vouvoyais, une très grande dame, je ne peux rien faire pour vous parce que ce métier, il faut le faire tout seul, mais je peux vous encourager à essayer et à me tenir au courant de vos progrès, la seule chose que je peux vous dire c’est allez vous frotter au public, aux radios crochets…
Et donc j’ai fait ça, et je la tenais au courant. Elle recevait une lettre de moi tous les mois et puis je suis arrivé à Paris, je lui ai donné mes coordonnées et un jour elle m’a laissé un message « Bonjour David c’est Annie, on ne se connaît pas vraiment et il est temps que je mette un visage sur le nom, je t’invite à mes 50 ans de carrière à l’Olympia ».
Au début j’ai cru que c’était un canular, mais en fait pas du tout, j’y suis allé et on s’est rencontrés là, et depuis on ne s’est pas lâchés. On est des intimes, elle connaît ma vie, elle connaît mes enfants. Elle vient me voir tout le temps, c’est ma marraine, elle m’a présenté beaucoup de gens, invité dans beaucoup d’émissions de télévision, quand elle a fait une spéciale Michel Drucker, elle m’a fait venir, présenté a Drucker. Et cette femme est toujours pour moi mon Génie et elle m’appelle mon poussin ; elle est fière de mon parcours de ce que je fais. Pour moi c’est une grande dame une grande artiste…

♥ Et parce que finalement trouver à la fin la question où l’artiste se présente et présente son parcours vous paraît désormais normal :
Olala c’est compliqué !
Brièvement : je suis originaire de Normandie, mon père était forain, je suis né dans la fête foraine. Très vite je suis allé rejoindre mes grands-parents, mais j’avais déjà cette envie de pas rentrer dans les schémas qui n’étaient pas les miens, on voulait me faire faire des choses qui n’étaient pas moi.
J’ai suivi la voie de mon papa, pas dans la fête foraine, mais dans la liberté, la liberté de choisir, la liberté de prendre des risques.
J’ai quand même fait un cursus scolaire relativement normal, mais avec options théâtrales à chaque fois, et j’ai commencé la danse, la musique, je me suis intéressé au monde de la marionnette.
Très vite j’ai rejoint des compagnies de théâtre de rue, j’ai fait diverses rencontres déterminantes, des gens qui m’ont donné envie de continuer.
J’ai fait des études de théâtre en parallèle et tout ça m’a nourri.
Mais un jour, j’ai eu besoin de repartir ailleurs, et je suis parti au Club Méditerranée pour voir … à l’époque tout le monde disait que c’était formateur. J’ai très vite vu que c’était pas pour moi, j’ai fait 2 ans et puis je suis arrivé à Paris, j’ai repris mon parcours, j’ai pris des cours de cirque à l’école de crique chinois…
J’avais depuis tout petit cette fibre artistique… j’ai fait des croisières, j’ai travaillé dans des cabarets, j’ai rencontré des directeurs de castings qui m’ont auditionné et ma première grosse grosse grosse comédie musicale c’était Cabaret aux Folies Bergères (2008/2009), je jouais en alternance le maître de cérémonie… et depuis je n’ai absolument pas arrêté (Dothy et magicien d’Oz, Avenue Q… des projets pour le cinéma dont le tournage d’un long métrage pour fin 2018 Mandrin… La vie Parisienne, Oliver Twist, Le Bal des Vampires, Guillaume Tell, Priscilla Folle du Désert et bien d’autres projets à venir).

Ce métier est un métier très dur, il faut travailler, il faut pas attendre que ça arrive, que ça tombe du ciel et ne pas croire que les choses sont arrivées. Quand les gens que je connais me disent maintenant ça y est tu y est arrivé, je réponds arrivé où ? Je suis pas encore arrivé au cercueil, pour l’instant je suis arrivé nulle part, je fais mon métier et mon métier c’est d’apprendre.
Je ne vous cache pas que j’avais la boule au ventre en commençant cette interview.
C’est une chose de parler à quelqu’un de façon informelle, à la sortie d’un spectacle, mais ça a en une autre de préparer une interview et rentrer dans un contexte plus, « professionnel ».
David est quelqu’un qui compte beaucoup comme inspiration dans ma vie. Il a été le premier à m’encourager sur mes photos, et a accepté avec joie cette interview pour bébé Blog. Je ne le remercierai jamais assez pour tout ce qu’il m’apporte. Je suis ravie de pouvoir vous le présenter.
Comme vous pouvez le constater, nous avons beaucoup de choses en commun. Ce qu’il a pu dire au cours de cette demi heure a raisonné en moi, m’a ému aux larmes. J’aurai pu au mot près, prononcer certaines phrases.
Et je sais que beaucoup d’entre vous se reconnaîtront dans cette vision du monde du spectacle, amateurs de spectacles musicaux ou non. Amies danseuses vous avez surement reconnu des phrases qu’on entend et qu’on répète nous aussi !
Il répondait à certaines questions avant même que je les pose et tout s’est déroulé de façon complice et naturelle, et sans perturbation extérieure… enfin presque…
Pour suivre ses aventures et ne rien rater de son actualité :
Facebook : page officielle
Instagram : David Alexis Officiel
Et pour l’applaudir, avec toutes ses amies tout aussi formidables, au Casino de Paris dans Priscilla Folle du désert : Billetterie du Casino de Paris
Et puis par là, pour les connaisseurs et/ou les plus curieux, une interview de Bernie, Félicia et Dick, trio à l’affiche de Priscilla Folle du Désert, par ma copine Lauriane du blog Instants Spectacles


de la première rencontre en mai 2015 … à aujourd’hui …
Ah oui au fait
bravo liege belgique
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merci beaucoup ! bisous de paris (sous la pluie)
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