Bon, si vous me suivez depuis quelques temps, il ne vous aura pas échappé que le théâtre Mogador est un peu comme une deuxième maison pour moi.
« Home is where the H(e)art is » et il faut dire qu’ils font tout pour que je m’y sente bien à la Maison.
Après Grease, ses jupons, ses années 50’s et ses couleurs, place à Chicago.
Telle une petite souris, j’ai pu découvrir la nouvelle adaptation française, de près, de très près.
Alors si vous êtes prêts à plonger dans un univers Scandaleusement Chic (j’adore cette accroche), où « le meurtre, la cupidité, la corruption, la violence, la manipulation, l’adultère et la trahison, toutes ces choses qui sont si chères à notre cœur… « , font la loi, vous êtes au bon endroit.
Bon, vous vous doutez bien que j’ai encore trop parlé écris (et promis j’ai raboté, j’ai même songé à le faire en deux parties, mais cela n’avait plus de sens).
Impossible d’écrire une simple critique sans vous raconter le pourquoi du comment, sans rattacher tout ça à la vraie vie. Surtout Chicago.
Alors on prend un café (ou un thé), un apéro (ou deux), une quiche, un croissant bref, on s’installe confortablement ! Parce que ça risque d’être long.
Chicago dans le texte
(enfin d’après le dossier de presse)
« CHICAGO est à l’origine une pièce de théâtre de 1926 (basée sur des faits réels) ; le musical, quant à lui, a été créé en juin 1975, il est l’œuvre de trois auteurs intimement associés au musical et qui en ont fait les beaux jours: John Kander, Fred Ebb et Bob Fosse. Le revival est depuis 1996 à l’affiche à New-York et détient à ce titre le record de longévité.
L’histoire de CHICAGO :
Au cœur des années 20, à Chicago, Roxie Hart, une artiste de cabaret, tue son amant. En prison, elle est confrontée à Velma Kelly, double meurtrière mais surtout, chanteuse de jazz et idole de Roxie. Grâce à un avocat roué – Billy Flynn – les deux femmes trouveront la voie de la liberté et celle du succès. »
Chicago et moi
(attention un peu de cynisme par-ci, par-là)


Si le nom « Hart » vous est familier, ce n’est pas un hasard.
C’est le pseudo que j’ai choisis, depuis… 10 ans, pour revenir sur les réseaux sociaux après une sordide histoire de harcèlement (encore un tordu… je ne voulais pas de lui… Certains ont vraiment du mal avec le mot « non »…).
Sur ces entrefaites, je découvre la version film de Chicago, et une Roxie Hart, innocente (mouais), adultère (certes), mais terriblement naïve, prête à tout pour monter sur scène, quitte à zigouiller le mec qui l’a humilié (ah, là ça m’intéresse) …
Cette charmante personne se retrouve à devenir, spontanément, une manipulatrice au visage angélique…
Cette nana est devenu mon héros ! (avouez que question timing et sordide on était pas mal).
Et finalement, ce qui devait être un pseudonyme temporaire, le temps que l’affaire soit classée, est devenu définitif.
Mais au delà du côté jolie poupée tueuse en bas résilles, il y a énormément de choses qui m’ont immédiatement parlé dans Chicago.
La manipulation des médias. J’étais en pleine formation de chargée de communication, j’en apprenais peu à peu le redoutable pouvoir.
Le plein boum des téléréalités où finalement, peu importe où, quand et comment, pourvu qu’on soit en haut de l’affiche.
Et mon ex-premier-amour qui paradait fièrement au milieu de l’une d’elles alors qu’il les avait toujours violemment critiquées ces dites-émissions. Quand je vous dit que j’avais des envies de meurtres.
Pourvu qu’on me reconnaisse, et qu’on m’aime, et que « je vous aime parce que vous m’aimez… Parce qu’on a tous manqué d’amour dans notre enfance. »
Le féminisme. Il n’y a qu’à regarder la scène du Cell Block Tango pour se rendre compte à quel point les femmes sont malmenées, bafouées, humiliées (pas vraiment de Prince Charmant dans Chicago). En prison, mais plus libres que jamais. Et alors ?!
« Vous aussi vous l’auriez butté ! ».
Dans un monde dirigé par les hommes, cette histoire de femmes, qui veulent se faire une place, au soleil de préférence, et qui n’hésitent pas à user des mêmes subterfuges que les hommes est encore terriblement actuelle.
La justice ?. Finalement, quand on le dit vite, la justice et injustice sont très proches.
Qui ne s’est pas demandé, pendant les affaires les plus glauques et les plus sordides, comment les avocats pouvaient défendre l’indéfendable ? Comment minimiser l’horreur, parfois absolue ?
« ah mais monsieur le juge, s’il a tué et violé (oui dans ce sens là), ce n’est pas de sa faute, c’est parce que sa maman ne lui a pas acheté ses céréales préférées quand il avait 4 ans et 8 mois !! Non mon client monsieur D’lafosse n’est pas un monstre ! »
Qui n’a jamais eu envie d’étrangler son petit frère, sa petite sœur un camarade de classe parce qu’on s’était fait piquer à sa place… et bien évidemment il/elle n’a rien dit !!
Le cynisme. Bon ça ne vous aura pas échappé (ou alors on se comprend très mal depuis 2 ans), le cynisme, c’est mon dada, ma petite protection à moi.
Ceci-dit cette carapace m’aura permis de survivre à 100% de mes pires journées, c’est donc plutôt efficace non ?
Et que dire de ce livret, où tout n’est que cynisme.
Vérité arrangée (c’est qu’on fini par y croire à leurs versions, j’vous jure). Satire sociale et politique. Caricature. Mais au final, tout cela raisonne de façon cruelle et vraie…
Je vous promets que certaines personnes, sans en arriver jusqu’au procès, s’en tirent très bien, manipulent leur petit monde, se font passer pour des anges et presque des victimes, alors que parfois, on ne peut même pas raconter tout le mal qu’ils ont fait… C’est la vie. Marche ou crève comme on dit.
Qui ne s’est pas déjà fait une idée sur une personne, une vedette, une connaissance… Juste en fonction de ce que les médias, les réseaux sociaux ou les gens colportent, sans chercher à connaître la vérité ?!
D’ailleurs depuis quand la vérité fait vendre ? Et l’objectif ultime du 21ème siècle : faire le buzz ?! Faire parler de soi à tout prix…
Qui n’a jamais comparé sa vie à celles des « nanas d’Instagram », sans s’imaginer un seul instant qu’elles aussi vont faire caca galèrent, ont mal au bide une fois par mois, se disputent avec leur mère, chialent de temps en temps… que toutes les photos ne sont que retouches et amélioration de la réalité.
D’ailleurs je me suis récemment demandé si une blogueuse influente que je suivais était devenue rousse… ah non, c’était juste le filtre appliqué à ses photos…
Bon, on s’est un peu éloignés du spectacle là …
Chicago version Mogador 2018
Vous vous doutez bien que je l’attendais de pieds ferme le retour (adapté notamment en 2004, au Casino de Paris #maisonnumero3) de Chicago à Paris.
Je n’avais vu que des vidéos des différentes productions, et le fameux film, qui aura terminé de populariser l’histoire.
Ah… Richard forever !
Son truc à lui c’est l’Amour…
Arrachons le pansement, l’adaptation :
L’adaptation française de Nicolas Engel (qui avait déjà signé celle de Grease et avait été retenu pour celle Fantôme de l’Opéra) est une fois de plus, d’une redoutable intelligence.
On dirait presque que le spectacle était originellement prévu en français.
Très chic, très choc, très imagé, à un ou deux détails près (à mes chastes oreilles), tout est parfait.
Autre ambiance, autre attente, le fameux Cell Block Tango, un des moments fort de ce spectacle. Les prisonnières nous racontent leur histoire. Leur crime. Tout en sensualité, et sans langue de bois !
Pour moi, c’est sur cette chanson que l’adaptation est particulièrement réussie, de bout en bout j’avais l’impression d’écouter la version originale.
Le tableau dans son ensemble est sublime, j’en ai eu des frissons. Mais pour de vrai, c’est pas juste une expression.
Si vous ne connaissez pas ce moment, je vous invite à farfouiller dans les méandres de votre copain Internet, et y dénicher les différentes versions.
Je vous avoue que j’adore Chicago, que je fredonne les refrains de temps en temps, c’est surtout les mélodies qui me restent en tête, donc j’ai un avis très très positif sur l’adaptation car tout colle bien, sauf peut-être, désolée Nicolas, sur Nowadays où j’ai eu du mal à m’y retrouver !
J’ai, évidemment, beaucoup aimé que le spectacle n’ait pas été aseptisé : cynisme poussé à son paroxysme, caricature assumée, tout est resté, et ça, ça a le mérite d’être souligné.
De façon générale :
La mise en scène façon « less is more », la même depuis la création du spectacle, se révèle finalement très créative et moderne. Elle fait beaucoup de bien dans un monde de surconsommation et d’excès.
Oui, car il faut le savoir avant, sous peine d’écrire des critiques débiles peu constructives sur internet d’être surpris, il n’y a pas de décors, exit donc l’auberge gigantesque du Bal des Vampires, bye bye le Diner façon 50’s et le château de la Bête.
Un orchestre, un cadre doré, des chaises et basta.
C’est comme ça que l’œuvre est conçue, soyez prévenus !
C’est là que ça devient moderne. La pièce de théâtre date de 1926. La première version du musical date de 75, le revival 96…
Mais un plateau « vide » et un costume noir c’est intemporel.
Ni lieu, ni époque. On en oublierai presque le Chicago des années 20 tant certaines répliques et situations nous rappellent notre bon vieux 21ème siècle.
La précision de la chorégraphie, portées par des danseurs (et présentateurs, et chanteurs, et comédiens, et performers…) de haute voltige est impressionnante, et terriblement bien mise en valeur par la sobriété des tenues.
Avec l’orchestre en centre plateau, il ne reste que peu d’espace pour effectuer les nombreux déplacements, portés, formations… Une véritable prouesse artistique.
Le talent de tous les artistes sur scène nous transporte, pas besoin de plus.
Lors de nos différentes excursions, nous avons eu la chance d’écouter parler (religieusement avec quelques larmes me concernant) Ann Riekin, figure emblématique de Broadway et de Chicago (égérie de Bob Fosse, elle incarnait Roxie Hart dans la version de 1996).
Danseuse et comédienne, Elle tenait à être présente pour l’adaptation française, Bob Fosse aimait beaucoup la langue de Molière, et un de ses souhaits les plus chers, était de faire voyager Chicago, en Europe, en France.
Un très bel hommage, donc, pour celui qui aurait, selon la légende, inspiré le roi de la Pop lui-même.
« Le chic et la sophistication viennent de France, et cela se voit avec cette troupe. Je suis aussi tombée amoureuse de la manière dont le français sonne dans cette adaptation. Cela rend tout élégant et sensuel. » Nous dit-elle avec un regard rempli de fierté.
Le Cast :
Si je voulais être totalement honnête, un comble vu le contexte, je dirai qu’à l’annonce du duo Sofia Essaïdi/Jean-Luc Guizonne j’ai immédiatement pensé « et les chorégraphies seront signées Kamel Ouali ».
L’instant de cynisme passé, je me suis quand même dit que je connaissais bien Stage Entertainement, et qu’ils n’étaient pas du genre à prendre des amateurs, ni à se coller une image de Star Ac’.
Ceci-dit, je n’ai pas été la seule à faire l’association : dès l’apparition de Sofia, derrière moi dans le public « hey mais c’est la nana de la Star Ac’ ! »
On a beau dire, en France, dès que t’es dans une case difficile d’en sortir.
Mais à partir de maintenant vous pouvez dire « Hey mais c’est la nana de Chicago ! ».
A noter toutefois que c’est la divine Fanny Fourquez qui incarnera Velma Kelly à partir du 1er mars 2019. J’ai eu la chance de la voir évoluer sur scène lors du média day. Toutes les deux assurent ! Elles sont Velma !
Jean-Luc m’avait déjà émue aux larmes sur Madiba (souvenez-vous) (je n’ai pas vu le Roi Lion #pastaper), donc je me doutais bien qu’il serait un Billy Flynn plus vrai que nature. Et c’est le cas. On a toutes envie de se laisser embobiner… !
(d’autant que c’est vraiment un rôle de composition, c’est vraiment un homme charmant et bienveillant, ceci dit…je ne sais plus très bien où est la vérité…)
Quant à Carien Keizer, qui interprète Roxie Hart, difficile de détacher son regard d’elle.
Certes elle « triche un peu » car elle a déjà interprété le rôle en Allemagne, mais son interprétation de Roxie Hart est divine.
Entre mimiques, tantôt angélique tantôt démoniaque, elle se montre parfois abattue, parfois solaire.
On est loin de la blonde écervelée. Spontanée oui, manipulatrice, peut-être, mais redoutable.
Et son petit accent ne gêne absolument pas la compréhension du texte, cela ajoute même un certain charme !
Je vous ai dit aussi, un peu plus haut (pour les courageux qui ont tout lu), que j’ai retrouvé quelques Vampires au sein de la troupe de Chicago.
Notamment Sandrine Seubille, qui campe une Mama Morton, matrone de la prison, terriblement, affectueuse, enfin si tu y mets les moyens formes…
Elle nous révèle tous ses talents de comédienne et de chanteuse, le tout avec une « Classe » folle !
Un monsieur Cellophane (Amos Hart, le mari de Roxie) loin d’être transparent, mis en lumière par Pierre Samuel.
Il est le grand perdant de l’histoire ?! Pourquoi ?! Parce qu’il est honnête, amoureux et mené par le bout du nez par… un peu tout le monde. (Bravo Pierre, ce rôle te va à merveille, touchant, drôle, un peu pathétique on va le dire… tu nous embarques dans tout un tas d’émotions !).
Et le film dans tout ça :
Je me devais de faire un petit parallèle avec le film, non pas que ce soit une référence, mais le succès du film à contribué à populariser Chicago, et du coup un peu partout je lis tout et son contraire car certaines personnes (dont moi au début) n’ont que le film comme référence et forcément, ça fait un choc.
Pour l’anecdote : la sus-dite scène du Tango des Taulardes,a nécessité 500 changements de lumières pour le film… Inutile de vous dire que c’était pas prévu sur scène ça…
Et pourtant… 6 spots et 6 danseuses talenTueuses suffisent largement à vous couper le souffle.
Il faut aussi savoir, que certains passages ont été aseptisés, voire carrément censurés, comme par exemple le duo Mama/Velma « Class », numéro jugé un peu trop offensant …
Mais on le retrouve dans son intégralité sur scène et c’est savoureux à souhait…
« Le mouchoir c’était mon idée et maintenant elle me pique mes chaussures… Avant les gens étaient classes… » !
J’ai trouvé le spectacle beaucoup moins sombre et beaucoup plus dynamique que le film. Comme quoi les décors et les costumes ne font pas tout !
Et surtout, Roxie est vraiment moins gourde que dans la version Hollywood. Chaque personnage est beaucoup plus nuancé et profond en live.
Coupable : oui je l’ai re-regardé entre temps, question danse, on est loin du véritable univers Bob Fosse (cinéma oblige), et les sous-titres sont médiocres (ils devraient penser à embaucher Nicolas à Hollywood… quoi que non, on va le garder pour nous !!)
Si vous avez aimé le film vous adorerez le show.
Si vous n’avez pas aimé le film, vous allez adorer le spectacle !
Chicago et le public :
Pour les amoureux de la comédie musicale. Pour les amoureux des bons mots et de la bonne musique. Pour les amoureux de la danse dans le pur style Jazz et Bob Fosse. Pour les sceptiques. Pour les cyniques. Pour les amoureux de la vie. Pour les curieux. Pour ceux qui ont envie de passer un bon moment. Pour ceux qui cherchent un moyen de se débarrasser d’un cadavre… euh pardon.
D’ailleurs, toutes les infos (vous n’en avez pas z’eu assez j’suis sûre) et les réservations c’est par ici
Il s’agit d’un spectacle tout public, donc point de vulgarité gratuite (ni payante d’ailleurs), tout reste très Chic. Très Scandaleux. Mais très chic.
Attention tout de même aux plus jeunes… Il vous faudra bien maîtriser le concept de la satire pour tout leur expliquer à la sortie !
Et surtout rappelez-vous, que quoi qu’il arrive, les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent…
Et restez droit dans vos bottes.
Pas de happy-end pour les gentils ce coup-ci…
Et si je devais résumer Chicago en une phrase (keuwhaaa, près de 3000 (2689) mots alors que tu pouvais faire ça en une phrase !!!!), ça serait en citant ma copine chérie Maria :
« Les gentilles filles vont au Paradis… Les garces vont partout… »
Bon j’ai lu jusqu’au bout 😅 et même sans café. … Moi j »aime ton style (tu devrais songer a écrire un livre). Après je ne connais pas ni le film, ni le spectacle mais par curiosité tu m »as donné envie de découvrir. 😚
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Quoi ? Sans café !! T’es trop forte !! Et en plus je t’ai donné envie de découvrir ? youhou, encore plus forte que Télérama ! Pour le livre j’y ai songé figure toi, mais j’ai peur qu’on me mette au rayon science-fiction hahaha
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